L'élevage
La chèvre (caprix, caprice) est une cueilleuse hédoniste, elle a développé de puissants muscles postérieurs pour grimper, faire plier les arbustes et atteindre les branches basses des arbres, elle met de l'ordre dans les prairies et dans les sous-bois et rend à la terre ce qu'elle lui a pris, elle permet à l'homme d'ingérer le minéral et le terreux que le végétal a prélevé et transformé et qui est vital pour l'équilibre de sa santé, elle sait puiser d'instinct dans la pharmacopée naturelle les éléments de son automédication, celle de M. Seguin a défié et lutté obstinément jusqu'au bout contre le loup, quel tempérament !
Deuxième animal domestiqué dans l'histoire de l'homme, elle a conclu une alliance avec lui, qui en retour se doit de la comprendre, de la respecter, de l'humaniser, en un mot de l'élever.
La chèvre ne peut que se conformer aux lois naturelles universelles, contrairement à l'homme et à son libre arbitre qui peut adopter des comportements contre-nature. En soustrayant l'animal domestiqué à cet ordre naturel inhérent, interdépendant et conditionné, l'éleveur devient entièrement responsable du bien-être et du destin de son troupeau. Aucun label, aucune certification, aucune norme, aucun code barre, si décalé de nos réalités ne nous aidera dans notre conduite d'élevage et dans notre savoir faire artisanal.
La Poitevine, encore préservée de ces mauvais choix stratégiques, plus performants à court terme, mais aberrants et dégénérescents à long terme, est l'espèce caprine idéale pour opter pour de bonnes pratiques raisonnables et vertueuses et faire œuvre de pédagogie pour les générations futures.